Aujourd’hui, j’ai une pensée pour quelques-uns de mes anciens collègues, grands défenseurs de ce milliardaire. J’avais raison il y a 3 ans. J’ai encore plus raison aujourd’hui. « Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l’heure, je me souviens des jours anciens et je pleure. »
Dans un exercice de prospective en 2021-2022, j’avais rédigé un scénario évoquant un éventuel grand patron d’une plateforme sociale qui virait complètement dans le complotisme et la fachosphère. Dans ce scénario, j’interrogeai ce futur : que faut-il faire ? Comment réagir ? Quel serait le comportement moral à adopter ? Même si seule la question pécuniaire était au cœur de vos enjeux, quels seraient les choix à faire pour conduire sa structure à un futur souhaitable pour tout le monde.
Il y a trois ans, on m’a répondu que ce scénario ne sortira pas, qu’il n’était pas viable, qu’il était trop politique. Mes collègues avaient défaussé cet écrit comme si c’était le plus inutile de tous ceux que j’ai pu rédiger. Pourtant, quelques temps avant, on s’amusait encore à scander « Bella Ciao », chant révolutionnaire italien et régulièrement référencé dans les productions vidéoludiques. On y est maintenant.
J’avais raison il y a 3 ans, j’ai raison aujourd’hui. À mes anciens collègues, qu’allez-vous dire maintenant ? Que personne n’avait vu voir venir les choses ? Allez-vous continuer à prôner l’importance de ne pas prendre position entre deux camps « où il y a des gentils et des méchants de tous les côtés » ?
Pour peu que mon lecteur ou ma lectrice connaissent les travaux d’Adorno et Orkheimer, il ou elle saura à quel point l’industrie culturelle joue une part considérable dans le maintien et la promotion du système et des dominants de ce système. L’investiture du nouveau président des États-Unis n’est qu’un déclencheur. Si ces quatre dernières années, les entreprises et les acteurs jouaient la montre dans leur volonté de ne pas affirmer leurs idéologies, c’est définitivement au cours de ces quatre prochaines années que l’Industrie culturelle prendra position, ou pas, en tant que nouvelle collaboratrice affirmée d’une hégémonie destructrice.
Siamo tuttx antifascistx. ■
esteban grine, 2025.
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