Du 26 au 28 décembre 2017, le Discord LCV a organisé une gamejam sur le thème de « quelque chose ». L’objectif était alors de proposer un temps de création pour toutes et tous les membres du discord avec un chan audio dédié aux discussions entre les jammeurs et les jammeuses. Etant donné que nous n’avons finalement que peu de game designers sur le discord, l’idée était de proposer un espace permettant la création de tout et n’importe quoi d’où le nom de la jam proposé par Sironium. Le choix des dates s’est fait de manière arbitraire mais à notre étonnement, nous avons eu 31 participants et participantes et un total de 21 projets soumis. Une majorité de ces derniers comprennent aujourd’hui des jeux vidéo mais il y a eu quelques projets photographiques, etc.
L’intégralité de la jam s’est déroulée à distance via discord. Cela implique une temporalité assez étrange. Si je faisais partie des personnes travaillant le jour, j’ai vu aussi la situation inverse avec d’autres groupes qui commençait à arriver sur le chan vocal assez tardivement tout en restant une bonne partie de la nuit. Aussi, j’ai appris a posteriori que des petits groupes de travaux s’étaient constitués en parallèle. Si les chans de textuels et vocaux du discord LCV servaient de hubs centraux, en parallèle, d’autres groupes de discussion se sont formés dans le cadre de projets collaboratifs. J’en note au moins deux : le groupe de discussion du jeu deglindoggo et le groupe podcast. Il y en a peut-être eu plus.
L’une des observations principales que j’ai constatées concerne la façon dont les jammeurs et les jammeuses ont travaillé. Il apparait que chacun et chacune travaillait plutôt de manière solitaire. Les échanges à propos des projets ne concernaient pas forcément de l’entraide. Le chan vocal fut surtout des moments d’échanges à propos du jeu vidéo (de Zelda Breath Of The Wild particulièrement) sans que cela concerne directement les projets. Malgré aussi le caractère très informel de la jam, les dernières heures ont été des moments de panique et de stress pour certain.e.s participants et participantes. J’en fus particulièrement étonné. Je ne m’attendais pas à ce que la contrainte de temps soit prise tant à cœur par quelques-uns et quelques-unes. Malgré tout, cette limite reste pertinente dans le sens où la mise en place d’un cadre nourrit l’imagination. Une jam est un jeu dans lequel nous jouons à créer des choses et c’est par la mise en place de règles constitutives (Duflo, 1997) que cela devient un outil dont ses utilisateurs et utilisatrices se saisissent pour susciter leur imagination. En ce sens, les jams s’inscrivent dans la pensée de Kendall Walton mais aussi de Henriot. « Sous couleur de jouer » (1989), nous ne faisons que travailler et nous créons des objets artistiques. Les jams sont donc des objets, des systèmes organisationnels qui donnent du sens (ludique). Il s’agit donc là d’une surcouche, d’une nouvelle strate sémantique. Les échanges et les créations ont été possibles parce qu’il y avait un deuxième niveau de communication compris et accepté par l’ensemble des participants et des participantes. Cela n’a pas empêché malheureusement l’abandon de certains projets dont un particulièrement que beaucoup de jammeurs et jammeuses attendaient : un escape room / FMV. Ce projet aurait été véritablement génial à voir.
Pour une première jam, il me semble que le discord LCV s’en est très bien tiré. L’organisation, sans être chaotique, était proche de l’autogestion. Il me semble que cela a été une expérience aussi très positive mais je n’ai pas véritablement de données à ce sujet. Cependant, ce billet m’a permis de noter quelques conclusions de cette expérience qui sera renouvelée, je l’espère. En attendant, il me semble que cela peut aussi être un outil particulièrement efficace dans des situations pédagogiques et des situations professionnelles. J’ai quelques connaissances dans le cadre de mon travail qui travail justement sur la mobilisation d’outils tels que les jams pour proposer de nouvelles situations pédagogiques à leurs étudiants et étudiantes. Je me verrais bien organiser des jams à l’université je dois bien l’avouer. La « QuelqueChose Jam » est en tout cas un premier pas vers cela.
Pour conclure, rien de mieux que de remercier aussi l’intégralité des participants et participantes, des observateurs et des observatrices qui se sont amusé.e.s avec nous pendant ces 3 jours. C’était mortel ! J’ai même pu créer mon premier jeu vidéo. Il est d’ores et déjà sûr que le discord réorganisera d’autres événements de ce genre, peut-être des qui permettront plus de projets collaboratifs. En tout cas, ce sera l’occasion de voir de nouveaux billets à ce propos sur LCV ! ■
Esteban Grine, 2017.