L’édition 2024 de SpeeDons s’apprête tout juste à démarrer et cette année, les attentes à l’égard du plus grand marathon français de speedruns sont hautes. Si l’an dernier, l’événement avait pu franchir la barre symbolique du million d’euros récoltés, certain·e·s espèrent bien que cette barrière sera franchie à nouveau et, pardonnez le langage, explosée. Cependant, ce n’est pas parce que l’événement réunit qu’il est un rassemblement connu de toutes et tous au-delà des communautés de joueurs et de joueuses. C’est pourquoi j’ai eu la chance de recueillir les propos de Sacha Bernard, chercheur consacrant ses travaux à l’étude des pratiques autour du speedrun. Il a eu la sympathie de partager ses connaissances pour faire, en quelque sorte, un état des lieux de ce qu’il se joue aujourd’hui avec SpeeDons, avec le speedrun et bien sûr, avec les runners et les runneuses.
Sacha BERNARD (il/lui) est doctorant à l’Université de Liège et membre du Liège Game Lab. Son sujet de recherche porte sur le speedrun qu’il étudie à travers le prisme de la médiation des connaissances. Son travail consiste à interroger la pratique où l’information, de sa création à réception, est au cœur de son écosystème. Il analyse le speedrun en tant qu’objet documentaire et propose une lecture ludico-informationnelle de la pratique.Son carnet de recherche se trouve ici.
J’ai beaucoup regardé la games done quick la semaine passée et comme je n’ai pas beaucoup de temps pour écrire en ce moment, je me suis dit qu’il fallait varier les plaisirs et ne proposer qu’une petite liste des speedruns qui m’auront le plus marqué pour l’itération 2018 de ce marathon. Je regarde des speedruns depuis les débuts du nesblog et c’est vers 2014 que j’ai commencé à sérieusement m’intéresser à cet événement. Cette année, j’ai de nouveaux été surpris par ce qu’il s’y passe. après les « Hype » criés par l’ensemblée de 2015, les « wouaaahhh » de 2016. Voici donc une petite sélection des faits que j’ai trouvés marquants cette année.
Densha de D.
Parce que. Pourquoi pas. Voici un jeu qui se base sur un pastiche du manga « Initial D ». Cette run n’offre rien de particuliers si ce n’est de voir un jeu à propos d’un conducteur de train qui drift. Si cela n’est pas suffisant, je ne comprends pas.
I wanna run the marathon
Il faut regarder ce jeu car il s’agit d’un moment presque meta sur les citations que se font les joueurs entre et les jeux entre eux. I wanna run the marathon est un jeu réalisé en référence aux jeux I wanna be the guy et I wanna be the boshi. Ces deux derniers sont déjà des pots-pourris de citation mais là, nous sommes dans un tout autre niveau puisque ce jeu, en plus de faire référence à des jeux célèbres, fait aussi référence à des jeux qui faisaient eux aussi référence à ces mêmes jeux célèbres.
Arabian nights
Arabian Nights est un jeu développé par Silmarils, une société française. Le résultat est à mourir de rire ! Cette run est particulièrement drôle notamment par les bruitages complétement ratés du jeu, tout comme son gameplay d’ailleurs. Pire encore, le jeu plante plusieurs fois pendant la run et oblige la régis de l’événement à devoir corriger le tir en temps réel. On se rend compte de la dimension live de la chose et tout cela offre un spectacle délicieux. Les représentations sont particulièrement exécrables et les situations, de part la façon dont elles sont codées, sont ridicules. Notons au passage le 13/20 que Romendil lui avait mis à l’époque.
Resident Evil VII
Alors certes, Carcinogen est un runneur réputé pour sa bonhomie et son humour. Donc c’est plutôt facile de dire que la run est plaisante pour cela. Du coup, je dois avouer avoir particulièrement aimé tout cela. Premièrement parce que c’est un runneur qui ne joue pas seulement avec son public derrière lui mais aussi celui qui regarde le stream. Secondement, je retiens particulièrement les anecdotes sur le bayou qu’il fait pour qu’un donateur fasse un second versement. Par ailleurs, il se fait plusieurs fois déstabiliser par le jeu : zombis imprévus et autres scarejumps involontaires.
Donkey Kong Country
Cette run n’aurait pas été impressionnante si les boss n’avaient pas été faits dans le sens inverse ! Autant pour les Zelda ou les Metroid les reverse boss runs sont des tentatives intéressantes, autant pour un jeu de plateformes aussi dirigiste et linéaire que DK Country, c’est impressionnant. On voit alors énormément de techniques qui doivent être mobilisées pour permettre cela.
Ocarina Of Time
Il n’y a rien de particulier dans cette run. Je retiens surtout le comportement de ZFG, le runneur, et des gens sur le canapé pour le temps qu’ils ont pris afin d’expliquer l’ensemble de ce que l’on voit à l’écran. C’est très agréable de voir la qualité des explications proposées et cela rappelle à quel point les speedrunners s’inscrivent dans des logiques de partages et de collaborations. On a là un exemple flagrant de cela.
A Link To The Past
C’était pour moi la première fois que je voyais une randomizedrun en live et c’était particulièrement passionnant. Même si par moment, il y avait une forme de statu quo, il n’y avait aucun doute sur la personne qui allait gagner mais je retiens surtout les réactions incroyables du public à la découverte du moindre objet. C’est en cela que cette run fut géniale.
Metal Gear Solid 3
Cette run est chouette car le le runneur et le jeu sont chouettes. Certes. J’ai beaucoup été ému en regardant cette vidéo car il s’agit pour moi presque d’un cas d’école. Une run qui se passe mal ressemble exactement à cela : désespoir du joueur qui se confond en excuses. Obligations de redémarrer plusieurs fois le jeu en prenant des savestates, bref, le joueur en a bavé. Il me semble important de regarder cette vidéo car on y voit le désespoir du joueur qui n’arrive pas à offrir un spectacle qu’il considère acceptable.
Voilà !
Un billet léger pour contraster avec mes différents travaux qui me prennent du temps et me stressent. J’espère que cette sélection plaira et donnera envie de regarder les vidéos en entier. 🙂